"Le Petit Binla du Jour" premiére émission

Non seulement les Korrigans sont enquiquineurs dans leur façon d’être, mais ils le sont tout autant dans leurs capacités physiques. Non pas qu’ils soient d’une force extraordinaire, tout le monde en conviendra, mais…
*ça chatouille*
…leurs sens primaires, que sont le goût, le toucher, la vue, l’ouïe et ici plus particulièrement : l’odorat ; sont très développés…
*ça chatouille fort…*
…ce qui leur permet de réagir en conséquences à l’avance afin de sauver leur peau, ou plus basique : de déceler d’infimes informations leurs parvenant.
" ATCHOUUUM !!! "

Une odeur de fumée avait eu raison du sommeil de Kanell en cette heure avancée. La nuit était encore installée sur la ville, et la lune restait seule souveraine du ciel. Un ciel qui était particulièrement maussade et laissait son humeur se déverser à grandes eaux sur les toits de Binla.
Se redressant, la Korrigane mal réveillée huma l’air qui lui parvenait, chargée d’informations intéressantes : senteur de bois, pas n’importe lequel ! Un parquet, et bien entretenu en plus ! Quoi d’autre… des feuilles ! Tout genre de…documents ! Il fallait apprécier la délicate odeur de l’encre. Oh ! Et cette-ci !...plus piquante… de l’eau versée sur les braises. Nul besoin d’être un grand géni pour aboutir à la conclusion que quelque chose avait brulé. Kanell allait prendre le temps de se débarbouiller un brin avant de sortir, quand elle se souvint que le bruit ambiant était celui de la pluie tombant à verse. Pas vraiment utile la toilette.
Courant sous la pluie, la Korrigane escalada la première gouttière venue et c’est en parcourant les toits qu’elle se guida jusqu’à la source de cette senteur alarmante. Les murs de la forteresse s’imposaient de plus en plus à sa vue. Pour finalement se révéler en être la source.

*Zut ! Comment j’entre là-dedans moi ?*

La garde patrouillait farouchement. Impossible de tenter une incursion par là. Elle se rapprocha quand même ; silhouette invisible parmi les ombres sur les toits de la ville. Parvenue au recoin du toit le plus proche du chemin de ronde, Kanell se tapit derrière une cheminée et attendit. Ce qu’elle espérait ne se fit pas attendre : deux gardes s’avancèrent. Tendant ses longues oreilles, elle glana ses informations au fil des patrouilles plus ou moins bavardes. Chose difficile compte tenu de l’averse battant frénétiquement les tuiles.

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"Le Petit Binla du Jour" premiére émission 94680

Le soleil avait commencé son ascension depuis quelques heures déjà. Les badauds se rassemblaient sur la place du marché, comme d’ordinaire. Binla sortait de son sommeil. Kanell se dirigeait vers ce point d’affluence d’un pas décidé. Elle avait appris bien des choses et ne doutait pas un seul instant que les habitants s’en moquent éperdument. Un cambriolage à la forteresse ! Rien de mieux pour commencer une journée en beauté. Elle ne possédait pas toutes les informations (à son grand désespoir) en particulier ce qui avait été dérobé. Cette maudite averse rendait certaines bribes de paroles inaudibles. Mais elle possédait l’essentiel de l’affaire.
Compte tenu du caractère non officiel de cette annonce, la korrigane eut de nouveau recours aux toits. Ça aurait été dommage de se faire pincer maintenant.
Elle avait déjà pensé au comment déformer sa voix, sans pour autant la rendre incompréhensible. Surplombant la place, Kanell vint se poster de telle manière qu’elle soit invisible depuis les étales. Portant un porte voix improvisé devant sa frimousse, elle prit une grande inspiration et fit s’élever dans les airs une grosse voix claire :

" OYEZ !! OYEZ braves gens !!! Un cambriolage a eu lieu cette nuit même à la forteresse ! Les voleurs au nombre de deux se sont introduits dans le bureau de la reine de cette citée, avant d’y mettre le feu, semant la panique dans la garde des dragons. On ignore encore ce qui a été dérobé. On dénombre deux blessés, dont un grave. Les deux voleurs ont pris la fuite, laissant la garde sur les dents. Des mesures seront certainement prises en conséquence… "

La voix se tut aussi soudainement qu’elle avait commencé. La Korrigane glissa à terre, jetant dans une ruelle surchargée d’attirails en tout genre ; son porte voix et quitta les lieus d’un pas rapide. La mission était accomplie.

» Foran "Bronze", Le nain jovial