Entre les gouttes

- Nous pouvons passer par le mur en face. En espérant qu'il n'y ait personne derrière. Avec le feu, ces braves soldats aurons déjà bien assez à faire.

Le demi-homme acquiesça d'un signe de tête.

"Oui, c'est une bonne idée. Logiquement, on aura pas de soucis par ce côté là."

Ils n'eurent pas le temps de faire deux pas qu'une voix arriva jusqu'aux intrus.

"Vous, là ! Arrêtez-vous !"

D'un brusque mouvement de main, sa lame droite glissa le long de son bras pour voir venir la poignée se loger dans le creux de sa main. Il jeta un œil avisé à Yorwan en esquissant un sourire lorsque ce dernier sortit son arc et le banda, laissant partir une flèche à vive allure. Cette flèche fila à côté de Luneil, venant s'écraser sur les pierres de la forteresse.

-Il serait peut-être préférable qu'on s'occupe de celui-là, non ?

Fylik acquiesça d'un signe de tête et vint caresser sa lame un instant. Il la fit balancer dans sa main et fit un tour avec celle-ci. Le garde s'élança vers eux et, rapidement, tira une lame cachée dans sa botte. Le demi-homme n'eut presque pas le temps de réagir mais tenta de se projeter vers le côté. La lame, arrivant à toute allure et le demi-homme projeté sur le côté, vint se planter net dans son bras droit, lui arrachant un cri étouffé. Il lâcha l'arme qu'il tenait et s'écrasa ensuite sur le sol.

Yorwan vit le soldat glisser sa main dans sa botte et, avec vivacité, lancer une sorte de poignard en direction de Fylik. Le bruit du métal qui heurte le sol attira l’attention de Yorwan, dans son dos le semi semblait avoir été touché. Le garde était adroit, peut être même dangereux et cela rendait le combat d’autant plus intéressant.

L’elfe noir prit le cimeterre qui se trouvait dans sa main droite à l’envers de manière à ce que la lame soit alignée avec son avant-bras. Dans la main gauche il garda une posture traditionnelle, la lame alignée avec ses épaules. Puis il s’élança d’un pas léger sur le toit à la rencontre de son ennemi, il était à l’aise et rapide même sur ce terrain, surtout sur ce terrain.

Mais lorsqu’il arriva à trois mètres de son adversaire, il s’arrêta brusquement et se tint immobile, surpris de découvrir le visage du garde.

-Va-t-en…

Le cimeterre qu’il tenait dans sa main gauche glissa le long de son corps, manière de dire qu’il n’avait pas l’intention d’attaquer dans l’immédiat, pourtant, il restait sur ses gardes.

Luneil sortit son épée du fourreau tout en se rapprochant toujours des voleurs, d'un pas moins rapide mais plus stable. L'environnement ne lui paraissait pas favorable pour un combat. Pas pour elle. Cependant, elle devait s'adapter à cette situation et éviter de se trouver trop près des bords. Une chute serait fatale.

Attentive, elle surveillait les deux silhouettes. Sa première cible était à terre, mais la plus grande marchait vers elle, deux cimeterres en main.

*Une lame contre deux. Tant pis.*

La jeune femme se prépara à l'affrontement, plaçant sa garde. La démarche de son adversaire était incroyablement fluide, il aurait probablement l'avantage. Contre toute attente, il s'immobilisa.

"Va-t-en…"

La voix la surprit autant que les mots. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui adresse la parole, surtout pour lui ordonner de partir, ni à ce qu'il baisse son arme, juste assez pour montrer qu'il ne souhaitait pas attaquer.

*Mais qu'est-ce qu'il lui prend ?*

Luneil s'était figée à son tour, fronçant les sourcils. Soudain, elle comprit enfin la raison, ou tout du moins la supposa : c'était parce qu'elle était une femme ! Toujours en garde, elle répliqua froidement :

"Comme si j'allais obéir à un voleur !"

Elle aurait pu attaquer sans l'avertir pour tenter de le surprendre, mais elle ne voulait pas profiter du moindre avantage qu'il lui aurait offert. Enfin, Luneil passa à l'action : elle s'avança pour combler la distance les séprant alors que son épée filait déjà pour lui porter une attaque. Mais elle n'oubliait pas qu'il possédait une lame de plus...

La réponse de la jeune femme ne l’étonna qu’à moitié, si elle était arrivée là ce n’était certainement pas pour fuir maintenant devant lui. Au fond de lui-même, il avait pourtant espéré qu’elle obéirait. Elle marqua un temps d’arrêt puis passa à l’attaque, simplement. Il leva le bras gauche et vint barrer la route de l’épée de la jeune femme avec son cimeterre.

Le coup était assez puissant, surprenant de la part d’une femme, mais Yorwan n’était pas vraiment du genre à sous-estimer le sexe opposé. Il la dévisagea avec curiosité, mais seulement un instant. Elle lui avait clairement fait comprendre qu’elle n’abandonnerait pas, il ne pouvait donc éviter le combat.

-Très bien. Tu n’es donc pas ici pour rien...

Soudain il se baissa, laissant ainsi la lame de son adversaire glisser le long de la sienne. Puis tenta de la tacler en pivotant sur lui-même, la jambe gauche tendue. Il ne souhaitait pas vraiment la faire tomber mais qu'elle l'évite ou non, elle serait bien obligée de reculer.

Lorsque sa lame rencontra le cimeterre de son adversaire, Luneil se demanda soudainement à quoi pouvait bien ressembler son adversaire, un homme d'après son timbre. Son visage était caché par sa capuche et la nuit ne l'aidait pas à discerner ses traits. Dommage. Mais c'était naturel pour un voleur.

La voix de son mystérieux adversaire s'éleva à nouveau, pour sceller son choix. La jeune femme sourit, satisfaite. Le combat ne faisait que commencer.

L'homme se baissa brusquement pour la déstabiliser d'un coup de sa jambe. Luneil ne dut qu'à ses réflexes bien rodés d'esquiver sa tentative. Elle avait reculé d'un pas mais ses appuis étaient solides. Elle avait ramené son épée à son côté et sans perdre un instant elle frappa d'estoc.

Ce serait peut-être un peu court pour toucher, mais elle se préparait déjà à enchaîner sur un autre mouvement qui l'avancerait à nouveau. Son adversaire ne pourrait pas la maintenir à distance indéfiniment.

D'un mouvement rageur, Yorwan para la seconde attaque en coupant la trajectoire de l'arme en frappant vers le haut, sans doute inutilement car l'épée aurait certainement été un peu courte pour le toucher. Mais il continua son mouvement, fit deux pas en avant et sauta sur son adversaire tout en faisant un quart de tour sur lui même pour porter un coup avec son avant bras droit le long duquel il avait plaçé sa seconde lame. Ce coup le mettait en danger au moins autant que son adversaire car il s'exposait beaucoup trop, il aurait d'ailleurs été stupide de le faire avec une seule arme.

*Tu auras beau faire une seule arme ne suffira pas ma belle.*

Alors qu'il portait l'attaque principale de sa main droite, il tenta de la faucher avec celle de gauche. Il visait les jambes, toujours dans l'espoir de pouvoir la mettre hors-jeu sans la tuer. C'était sans nul doute une erreur de sa part mais il ne pouvait se résoudre à trancher ainsi avec son passé.

L'homme repoussa sa lame avec colère et enchaîna avec une attaque. Cette fois, c'était beaucoup plus sérieux, Luneil l'avait compris immédiatement. Les deux cimeterres de son adversaire la plaçaient dans une situation extrêmement délicate. Bien que cet assaut offrait une ouverture dans la garde du voleur, Luneil ne pouvait en profiter car elle devait parer deux attaques. Enfin, en parer une et esquiver l'autre.

La main au niveau de la tête, Luneil avait positionné son épée le long de son corps, vers le bas, pour parer le premier cimeterre. Sa deuxième main, plaquée sur la garde, empêcherait sa lame de trop bouger sous l'impact. Luneil se concentra et d'une détente elle sauta.

Quel allait être le résultat, elle ne le savait pas. Elle avait joué le tout pour le tout. Elle sentit le choc du premier cimeterre sur son épée, entendit un déchirement et retomba ensuite sur le toit. Les deux lames ne la laisseraient pas indemne longtemps, sa cape venait d'en faire les frais, et jusqu'à maintenant elle ne s'en était sorti que par la maîtrise de son corps. Mais elle ne reculerait pas maintenant.

D'un coup de pied rapide et précis, elle frappa à la base de la lame du premier cimeterre, espérant que la semelle de sa botte serait suffisamment épaisse. Elle n'imaginais pas le désarmer, mais uniquement écarter l'arme, l'espace d'un instant. Son épée fila droit vers le voleur mais, comme il allait certainement parer avec son deuxième cimeterre, au dernier instant Luneil feinta et fit une attaque de taille par le côté.

Malgré les deux lames, la jeune femme se débrouillait plutôt bien. Mais la plus grande qualité de Yorwan au combat comme ailleurs n'était ni la force ni la résistance mais la dextérité. De plus ses yeux mieux adaptés à un environnement nocturne l'aidait à prévoir les coups de son adversaire.

Son attaque n'avait réussi qu'à entailler la cape de Luneil, mais cela ne semblait pas suffisant pour la décourager. Elle retenta casiment la même attaque que la première fois, alors que Yorwan pensait lui avoir largement prouvé qu'elle était inefficace. L'espace d'un instant, il considéra qu'elle était un peu stupide mais elle lui fit réviser son jugement.

Soudainement, il vit l'épée changer de direction pour venir le faucher de côté. Pour l'éviter il se décala vivement en arrière et laissa passer la lame à moins d'un centimètre de sa poitrine. Mais alors qu'il faisait se mouvement brusque, il sentit sa capuche glisser légèrement, dévoilant ainsi vaguement les contour de son visage. Ses yeux, de couleur mauve, se posèrent sur elle et il ne douta pas qu'elle pouvait désormais les voir.

Il ne lui laissa pourtant pas de répit, avec le bras droit il vint bloquer la lame de son adversaire qui avait continué son mouvement après qu'il ait esquivé. Il s'approcha ainsi d'elle jusqu'à voir son cimeterre de gauche à porté de son cou. Le bras tendu, la lame environ à cinquante centimètre d'elle, il ne put se résoudre à frapper.

- Lâche ton arme maintenant.

Le voleur était vif et il avait pu se reculer à temps en arrière pour éviter l'épée. Et dans son élan, sa capuche se retira un tout petit peu, juste assez pour que Luneil discerne sommairement les traits de son visage. Ce qui la frappa plus fut les yeux de son adversaire. Leur couleur violette était surprenante.

Toutefois Luneil n'eut pas le temps de les regarder plus longtemps. L'homme avait coincé son épée avec son bras et son cimeterre libre fendait l'air droit vers son cou. Luneil était bloquée et, sentant la lame arriver, elle se crispa. C'était fini pour elle.

Mais le voleur arrêta son arme à une cinquantaine de centimètres de la jeune femme. Luneil fixait l'homme, tétanisée. Un long frisson la parcourut.

"Lâche ton arme maintenant."

Cette fois-ci, elle était bien forcée d'obéir. Lentement, elle lâcha son épée et ramena sa main le long de son corps, toujours figé. Elle ne parvenait pas à détendre ses muscles. Pas dans une situation pareille.

Même si le voleur ne paraissait pas vouloir la tuer, elle était à sa mercie. Elle ne pouvait qu'attendre ses décisions.

Finalement Luneil fut bien obligée de lâcher son arme. Cependant cela ne résolvait pas encore totalement le problème car le voleur ne pouvait la laisser ainsi et partir. Il rangea le cimeterre qui ne servait plus à rien désormais et vint placer l'autre casiment en contact avec le cou de la jeune femme. Il fit un pas en avant, l'obligeant ainsi à reculer avec lui et de sa main libre il attrapa l'épée et la jeta dans la cour qui se trouvait en contre-bas.

-Nous voici dans une situation plutôt délicate...

Tout en parlant il vint se placer derrière elle, la lame toujours posée sur le cou de la jeune femme. Il prit doucement sa main et vint la placer derrière son dos, puis, après avoir fait de même avec la seconde, il les attacha aussi solidement qu'il le pouvait avec une seule main.

-Tu as déjà compris que je n'ai pas l'intention de te tuer pour le moment. Et j'espère que tu te rend compte que tu ne peux rien faire de plus pour nous arrêter.

L'elfe noir posa ensuite sa main sur son épaule et lui fit faire demi tour. Lorsqu'il vit de nouveau son visage il baissa immédiatement sa capuche, le rendant ainsi à nouveau anonyme.

Luneil ne bougea pas d'un millimètre lorsque le cimeterre encore en main du voleur frôla sa peau. Pourtant, sous son apparente impassibilité, les battements de son cœur s'étaient intensifiés et elle tentait avec difficulté de les calmer.

*Mais pourquoi je m'emballe comme ça ? Je ne risque pratiquement plus rien... pratiquement.*

La jeune femme suivit les déplacements du voleur, reculant puis s'immobilisant à nouveau. Quand il se glissa dans son dos, elle ferma les yeux et respira doucement mais profondément. Rester figée et tendue ainsi était certainement ce qui lui coûtait le plus. Elle préférait se battre même si c'était dangereux. Mais là, c'était sa vie qu'elle sauvait.

Luneil se retrouva avec les mains attachées aussi bien qu'on pouvait le faire à une main. Elle rouvrit les yeux, déjà un peu plus sereine, et ne rata pas un mot de ce que lui dit l'homme. Ses dernières paroles lui firent serrer les dents. Elle le savait bien qu'elle avait échoué.

Le voleur la fit pivoter et rabattit sa capuche pour qu'elle ne distingua plus son visage. Cependant, Luneil continua de fixer son visage à travers l'ombre. Ce voleur l'intriguait vraiment.

Il resta un instant à la regarder, la ressemblance était tellement frappante. Puis il la fit de nouveau tourner, cette fois-ci ce n’était plus pour l’attacher mais tout simplement pour l’assommer. Mais avant de frapper il ne put s’empêcher de lui dire encore un mot pour qu’elle se souvienne bien de lui et n’oublie pas de chercher à le retrouver. Cela pouvait paraître stupide mais c’était sa façon d’être, il semblait apprécier l’idée de se mettre en danger.

-Rassure toi, tu t’es plutôt bien débrouillée. J’attendrai notre prochaine rencontre avec impatience.

Et lorsqu’il eut fini, il frappa la tête de la jeune femme avec la garde de son arme, pas trop fort, mais suffisamment pour qu’elle mette un certain temps à reprendre ses esprits. Puis il la laissa là, allongée sur le toit.

Il se dirigea ensuite vers Fylik qui semblait en assez mauvais état. Il ramassa l’arme de son compagnon au passage et vint s’accroupir à côté de lui.

-Il est temps de quitter la scène l’ami, mais avant je pense qu’il serait préférable de t’enlever ça du bras.

Il montra la dague qui était plantée dans le bras droit du semi homme.

-Si tu veux je l’enlève, mais ça va faire mal…

Le semi n'avait perdu une seule miette de l'affrontement qui avait mesuré Yorwan à Luneil. Seul point noir pour Fylik, il n'avait pas pu jouir des paroles des deux personnages, mais il se doutait que l'elfe avait voulu l'épargner, ce qu'il fit, mettant le soldat en position difficile. Quant au voleur, sa blessure lui faisait souffrir le martyr mais savoir qu'il devrait ensuite fuir lui donnait une force qui lui permit de rester conscient. Lorsque celui arriva vers lui, Fylik fut soulagé : l'elfe n'avait pas eu trop de soucis avec le soldat et avec un peu de chance, il n'aurait pas trop de soucis avec d'autres.

-Il est temps de quitter la scène l’ami, mais avant je pense qu’il serait préférable de t’enlever ça du bras.

Le demi-homme acquiesça d'un signe de tête.

"Oui, faudrait pas tarder... t'peux me l'enlever... j'suis prêt..."

Le demi-homme serrait déjà les dents, regardant dans une direction opposée à celle du drow, attendant que la souffrance arrive. Il ne souhaitait pas que l'elfe le voit dans une position qui était, à ses yeux, une position de faiblesse. Il acceptait d'être blessé, mais pas que quelqu'un voit son visage tordu par la douleur, et il savait que la douleur serait suffisante pour.

Après être restés face à face un moment, le voleur la fit se retourner. Luneil se prépara mentalement à un choc. Elle se doutait qu'il allait finir de la mettre hors d'état de les gêner, probablement en l'assommant. Mais le coup ne vint pas immédiatement. L'homme lui adressa des dernières paroles.

Luneil sourit intérieurement. Il la connaissait mal. Cette remarque était superflue pour elle, car elle n'aurait désormais de cesse de le retrouver. Lui et son complice. Mais cela lui apprenait au moins que le voleur se sentait assez confiant pour ce genre de déclaration. Elle pensait tant et si bien à cela qu'elle ne se préoccupait plus de la suite des événements.

La jeune femme fut donc assommée sans qu'elle ne réalise vraiment. Son corps s'effondra sur le toit et il resterait là encore un certain temps.

Lorsque le semi homme eut accepter de se faire retirer la lame du bras, Yorwan n'attendit pas très longtemps. Il savait qu'attendre une douleur inexorable est parfois plus difficile que de souffrir. C'est d'ailleurs la première méthode et la plus efficace pour torturer quelqu'un : lui montrer ce qu'on compte lui faire. Il prit la lame bien en main, il n'était pas question qu'il ne la retire pas du premier coup. Alors que Fylik se tournait pour cacher son visage tourmenté, il tira d'un coup sec.

Heureusement, la lame était bien éguisée, ce qui laissait une blessure propre. Yorwan essuya la dague et la tendit à Fylik.

-Tiens, un petit souvenir.

Puis il se redressa, maintenant il était plus que temps de partir.

-Tu peux marcher ?

Le demi n'eut pas à attendre très longtemps que déjà, son compagnon retira la lame avec vivacité. Le visage du blessé se raidit avec la douleur pour reprendre sa forme originelle quelques instants après. Le demi-homme observa alors l'elfe qui lui tendait l'objet de sa souffrance.

Sans un mot, il prit la dague et la glissa dans sa botte. Fylik se redressa puis se leva, se tournant ensuite vers Yorwan.

"Oui... il faudra plus que ça pour m'en empêcher. Tu le laisses en vie ?!"

Il désigna d'un signe de tête la silhouette qui jonchait le sol. A vrai dire, il ne savait pas que la soldat se révélait être une soldate, et moins encore qu'elle avait vu son visage, tout comme le colonel Barus.
Alors que Yorwan répondait, l'autre voleur observa sa blessure : la lame avait transpercé son bras et ce, presque d'un bout à l'autre. Il ne devait pas manquer grand-chose pour que la lame sorte de l'autre côté de son bras. Heureusement, la blessure était propre et la coupure régulière : il n'en garderait sûrement pas une grande cicatrice. Pourtant, il ne savait si le muscle avait été dangereusement touché et qu'elle en serait les conséquences.

Lorsque fylik l'interrogea sur le fait qu'il laissait le soldat en vie, il répondit par un oui très vague, sans plus d'explication. La laisser en vie était une erreur à n'en pas douter mais il n'avait pas envie de s'expliquer là dessus.

Il se dirigea ensuite en courant vers le chemin de ronde d'où ils pourraient sortir de la forteresse. Les gardes étaient passé par un autre chemin mais ne tarderaient plus à arriver. Yorwan ne s'inquiéta pas vraiment de savoir si Fylik le suivait, chacun se devait d'avoir une certaine autonomie pour se genre d'opération.

Après avoir atteint le mur d'enceinte et vérifier que personne ne traînait dans la rue, Yorwan enjamba le crénau commença à se glisser le long de la paroi. La pluie l'avait rendue glissante, dangereuse même. l'elfe noir progressait lentement mais avec assurance. Il sauta finalement lorsqu'il fut à un mètre du sol et alla se placer au coin de la ruelle, dans un endroit sombre. Il n'attendait mais plus que Fylik pour s'enfuir. Par sécurité, il banda son arc et encocha une flèche...

Apparemment, l'elfe voulait laisser le soldat en vie, chose qui resta incomprise pour Fylik qui ne réagit donc pas. Il récupéra son second katar et l'enveloppa dans un bout de son armure en peau de loup. Il glissa l'arme dans son autre botte puis suivit l'elfe noir. Courir n'était pas un problème mais il appréhendait la descente.

A l'instar de son camarade, le demi se hissa sur le créneau d'une main puis entama sa descente. La pluie n'avait rien arrangé, rendant le mur plus glissant que jamais. Cherchant de ses pieds des prises tandis que son bras valide gardait prise, son bras blessé pendait dans le vide, incapable d'être utilisé pour l'instant. Jamais le semi-homme n'avait imaginé qu'il soit si difficile de descendre avec une main, d'autant plus avec les circonstances actuelles.

Lentement, il réussit à atteindre une hauteur assez basse pour sauter. Le rattrapage fut difficile, ne pouvait résolument pas s'aider de ce bras invalide mais n'empêcha en rien le demi à s'élancer à nouveau en direction de l'elfe noir.

"C'est bon... on peut filer."

Fylik observa son bras dont le sang coulait le long de celui-ci. Il prit une autre pièce de son armure pour la plaquer contre sa blessure.

"Fais-moi un nœud d'abord, ça saigne."

Le feu avait été maîtrisé après un combat acharné contre ce dernier. Barus, encore assommé, était hors de danger et on lui administrait les premiers soins dont un bandage au niveau du choc.

Dès que le feu avait été éteint, les gardes s'élancèrent en direction du toit. Pour le gradé, c'était un mauvais coup, ce feu l'avait empêché de gagner du temps sur les nouveaux qui devaient déjà les avoir trouvés. Quatre à quatre, il escalada les marches jusqu'au toit. Là, il put voir, de l'autre côté du bâtiment, deux ombres glisser l'une après l'autre derrière les créneaux. Arme à la main, ils s'élancèrent dans cette direction. Les deux silhouettes étaient déjà à mi-hauteur lorsqu'ils purent les revoir. Décochant chacun une flèche, ils se mirent à tirer sur les silhouettes, en vain. Voyant que c'était inutile, ils redescendirent comme des furies tandis qu'un dernier aperçut le corps de Luneil allongé par terre.

Celui-ci porta le corps inanimé jusqu'à l'étage en dessous, à l'abri, après l'avoir détachée. Il prit soin d'elle, tentant de faire au mieux avec les moyens du bord.

Les autres, quant à eux, lorsqu'ils arrivèrent en bas, ne trouvèrent personne : il était déjà trop tard. De suite, des patrouilles furent lancées. Si seulement la reine avait été là, elle aurait su quoi faire. Mais celle-ci était à la chasse au dragon pour le moment. Un éclaireur partit le soir-même dans sa direction pour la mettre en courant des derniers évènements.

[HRP] Les voleurs peuvent partir, les gardes ne les retrouveront pas cette nuit avec le temps pluvieux et l'avance qu'ils ont sur la garde.
Une réunion aura lieu le lendemain. Tous les gardes, ou presque, dont Luneil, seront conviés à cette réunion ou des mesures seront probablement prises. Ce rp sera fait à la forteresse très bientôt !
Enjoy ! [/HRP]

Yorwan regardait attentivement le semi homme descendre le long de la paroi. Avec un seul bras valide l'opération devenait périlleuse. Cependant Fylik arriva tout de même à le rejoindre, plus rien ne pouvait les arrêter.

Il jeta un coup d'oeil aux soldats sur les remparts qui tentaient en vain de les atteindre puis reporta son attention sur le bras de Fylik qui saignait abondamment. L'elfe noir noua le tissu comme le réclamait le blessé puis il s'en allèrent tout les deux à vive allure. Etant donné l'état de Fylik, Yorwan jugea préférable de rentrer directement au QG.

Le long de la rue de la potence, la pluie n'avait pas arrêté les traînards habituels. Bien souvent c'était des petits truands sans envergure, satisfait de la petite vie misérable de ces quartiers mal famés. Mais chacun ici connaissait la loi du silence imposée par la guilde des ombres, et bien rare était ceux qui osait la transgresser.

Yorwan arriva finalement au QG où l'on vint rapidement lui ouvrir la porte qui se referma derrière les deux voleurs.

Froid. Luneil avait froid. Elle sentait ses vêtements imprégnés d'humidité. C'était bien la seule chose qu'elle percevait encore. Un brouillard épais la couvrait. Ses pensées flottaient dans son esprit sans qu'elle puisse les assembler. Elle ne comprenait pas.

Après un temps qu'elle n'essaya même pas de déterminer, ses sensations revinrent. Elle était allongée. Sous son dos, elle sentait le contact du bois d'un banc. Son corps se réchauffait aussi. Elle entendait quelqu'un, sûrement la personne qui l'avait ramenée à l'intérieur. Avec difficulté, elle ouvrit les yeux.

Luneil se redressa lentement pour prendre une position assise et se frotta l'arrière de la tête. Le soldat la dévisagea.

"Vous allez mieux ?"

La jeune femme hocha lentement la tête. Les événements lui revenaient peu à peu avec précision, ce qui la fit grimacer. Elle fit jouer ses muscles un à un pour vérifier qu'elle n'était pas blessée. Elle regarda le soldat avec reconnaissance.

"Merci."

En silence, Luneil fit le bilan. Les voleurs s'étaient enfuis, mais elle s'en tirait sans blessure. Par contre, sa cape était dans un sal état et elle devait s'armer à nouveau. Sans plus attendre, elle partit récupérer l'épée dans la cour et dénicher un nouveau couteau à l'armurerie.

Dans les couloirs, un supérieur l'informa qu'une réunion obligatoire se tenait le lendemain et que pour ce soir, elle avait fini. Luneil ne prit non sans soulagement le chemin de sa maison. Même si elle allait mieux, ses habits restaient humides et un brin de toilette ne lui ferait pas de mal.

Tout aussi exceptionnels qu'ils l'étaient, ces voleurs ne perdaient rien pour attendre.

Tôt, le matin, la reine entra en trombe dans son bureau de la Forteresse, visiblement plus qu'énervée. D'un rapide coup d'œil, elle observa les dégâts : immenses. Plus rien de son bureau n'avait été épargné, des meubles importés de Kinsha aux documents importants concernant la garde. Tout avait brulé. Ou été volé.
Dès lors qu'elle avait eu vent des désastreuses nouvelles, elle avait rebroussé chemin, le temps ne permettant de toute manière pas une chasse à la créature et avait dans la minute demandé une réunion le lendemain même des évènements. Tous les gardes importants étaient obligés de venir, en particulier les gradés et ceux qui étaient présents à la Forteresse la veille au soir.
Elle rendit ensuite visite au colonel Barus, second de la reine dans le domaine militaire qui s'était remit de l'accident dont il avait été victime.

Alors que Luneil était dans la rue, un garde l'aborda, l'informant qu'elle devait immédiatement se rendre à la Forteresse, que Sa Majesté voulait la voir dans les plus brefs délais pour lui poser quelques questions. Et le soldat reprit sa route, laissant Luneil seule.

Lorsque celle-ci alla à la Forteresse, on la guida jusqu'à un petit bureau, vide. Cinq minutes plus tard, la reine entra.

Le lendemain matin, Luneil se sentait beaucoup mieux. Elle était complètement reposée et remise de la veille. Une fois équipée, elle s'accorda quelques minutes pour aiguiser son nouveau couteau, en fer maintenant. A côté de l'épée qu'elle avait récupérée, il était en piteux état, mais c'était le seul trouvé dans l'armurerie. Elle laissa sa cape sur son lit pour pas l'abimer d'avantage et partit pour la forteresse.

Un garde l'interpella. Comme si elle n'allait pas se rendre là-bas ! Mais que la Reine elle-même l'interroge, cela l'impressionnait. C'est vrai que l'affaire était grave... Luneil ne se départit pas de son calme pour autant. C'était le genre de situation qu'elle devait maîtriser.

En arrivant à la forteresse, Luneil la vit d'un œil neuf. La porte étant verrouillée et gardée la nuit, les deux voleurs n'avaient pu que passer par les remparts. Ce n'étaient vraiment pas des débutants. Quand elle franchit l'entrée, un soldat l'emmena jusqu'à un petit bureau. Elle se retrouva seule et préféra rester debout en attendant.

Peu après, la Reine entra. Il n'y avait pas de doute, Luneil l'avait déjà aperçue, mais de loin. Elle s'inclina avec respect pour la saluer puis attendit ses directives.

La reine esquissa un sourire de contentement lorsque Luneil s'inclina, tirant toujours une jouissance non dissimulée du pouvoir qu'elle avait reçu.

"Dremien Luneil ?"

Voyant que la jeune femme répondit à la positive, la reine continua.

"Etant donné que vous étiez présente lors de l'incident de la nuit dernière, je suppose que vous avez eu vent des proportions qu'ont pris les évènements.
Je me dois de me renseigner auprès des présents pour avoir le plus d'information au sujet du ou des commanditaire(s).

Pouvez-vous me dire ce qu'il s'est passé et ce que vous avez remarqué ? Un détail, quelque chose ?"

La reine avait reçu des informations intéressantes par le colonel mais ne voulait pas les dévoiler pour le moment, risquant alors d'altérer les souvenirs du soldat.

Impassible, Luneil écouta les paroles de la Reine sans rien laisser échapper pour être en mesure de répondre correctement à ses attentes. Elle commença donc son rapport d'une voix posée :

"Le premier voleur que j'ai aperçu était agrippé au mur au niveau de la fenêtre de votre bureau. Je ne sais pas par où est passé le deuxième. Mais les deux ont dû franchir le rempart, ce qui n'est pas une mince affaire, surtout avec la pluie qui tombait.

Suivant les ordres du sergent, j'ai gagné les toits. Mon équipier s'est blessé en montant et m'a demandé de poursuivre seule. En haut, je me suis retrouvée face aux deux voleurs. J'ai pu écarter le premier du combat, mais le second a eu le dessus et m'a ligotée puis assommée. Voilà pour ce qui s'est passé.

Le premier voleur était particulièrement petit. Le deuxième possédait beaucoup d'armes : au moins un arc et deux cimeterres, qu'il maniait ensemble parfaitement. Je n'ai pas pu distinguer leurs visages, mais un bref instant il m'a semblé que les yeux du plus grand des deux étaient violets."

La jeune femme s'arrêta de parler, réfléchissant un instant pour voir si elle n'avait rien oublié.

"On m'a tout de même épargné. C'est tout."